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   institut carnot laas cnrs

Le LAAS CNRS met à jour les
risques de la géolocalisation

On peut presque tout savoir d’un individu en analysant les données de
localisation de son smartphone. C’est ce qu’a mis à jour très tôt l’institut
Carnot avec une thèse qui a déjà de nombreuses retombées pratiques.

On appelle cela sérendipidité. Une                     sujet est aujourd’hui d’une brûlante actualité.
            découverte faite fortuitement à l’occa-    La problématique du respect de la vie privée
            sion d’une recherche qui ne visait pas     dans les applications et services géolocalisés
            ce but. Marc-Olivier Killijian, directeur  est devenue un véritable sujet de préoccupa-
de recherche à l’institut Carnot LAAS CNRS, a          tion au point qu’un terme spécifique est né :
eu ce type de révélation. Il raconte : « Lors d’un     la geoprivacy. Fort de ses recherches, avant
travail de recherche en 2010, j’avais besoin de        même que le terme n’existe, le LAAS en est
faire se déplacer un groupe de petits robots.          devenu expert. Son travail a donné lieu à de
Afin de modéliser leurs déplacements de façon          nombreuses publications ainsi qu’à un prix
réaliste, j’ai eu l’idée de doter un ensemble de       pour la meilleure publication de la conférence
personnes de smartphones et de les suivre à la         IEEE TrustCom.
trace. A cette occasion, j’ai pris conscience de
la quantité incroyable d’informations que l’on         La thèse menée dans le cadre du ressource-
peut tirer de la seule connaissance de la situa-       ment a permis de démontrer à quel point il est
tion géographique d’une personne via son télé-         possible de (presque) tout connaître d’un indi-
phone. Ce fut un véritable choc ! »                    vidu avec les informations de son smartphone.
                                                       A partir des endroits qu’il fréquente, on peut en
De cette constatation, originale à l’époque, est       effet facilement déduire où il habite, quelle est
née l’idée de mener une recherche exploratoire         sa religion, quel est son niveau de vie, ses passe-
afin d’approfondir le sujet. « C’était un type de      temps favoris et bien d’autres choses encore,
recherche très en rupture avec celles que nous         notamment « apprendre » son réseau social.
menons habituellement mais susceptible d’ap-           On peut surtout bâtir un modèle de mobilité
plications et nous avons pu nous y lancer grâce        à partir de ses habitudes et même prédire ses
à l’abondement Carnot » rappelle Marc-Olivier          futurs déplacements. La thèse a mis tout cela à
Killijian. C’est ainsi que le LAAS a financé une       jour et a ainsi permis de réaliser un modèle des
thèse qui a commencé au début de l’année 2011          grands types d’inférences possibles à partir de
afin d’étudier précisément quel type d’informa-        données de localisation. Bref, comme ces don-
tion il était possible d’obtenir à partir des seules   nées sont non seulement stockées sur l’appareil
données de géolocalisation obtenues depuis un          mais également transmises à des tierces parties
smartphone.                                            (des fournisseurs de services, le fabricant de
                                                       l’appareil…), le LAAS a montré à quel point le
Entre temps, avec le formidable développe-             risque d’ingérence dans la vie privée est élevé
ment de ces appareils, d’autres chercheurs             dans le cas où des organisations mal intention-
ont fait le même type de constatation et le            nées s’en empareraient.
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