Actualité
Dimanche 04 février 2024

Le Carnot Voir et Entendre et EssilorLuxottica collaborent pour découvrir l’« algorithme » de la rétine

Essilor_david-travis.jpg David Trevis

D’ici à 2050, on estime que la moitié de la population européenne souffrira de myopie. Bien que la plupart des cas soient légers et puissent être corrigés facilement, il existe des situations plus graves pouvant conduire jusqu’à la cécité. Pour mieux comprendre le rôle de la rétine dans la croissance de l’œil et de concevoir des corrections optiques améliorées, EssilorLuxottica et l'Institut de la vision composante du Carnot Voir et Entendre ont décidé de collaborer.

Maîtriser la croissance de l’œil permettrait de maîtriser le développement des formes les plus sévères de la myopie. Or des travaux menés ces dix dernières années ont montré le rôle actif joué par la rétine. « Longtemps les chercheurs ont pensé que la rétine, avec ses photorécepteurs, ne jouait qu’un rôle de « caméra », laissant l’analyse de la scène visuelle au seul cerveau. Mais nous avons démontré qu’une telle analyse a déjà lieu au sein même de la rétine », souligne Olivier Marre, directeur de recherche Inserm et chef de l’équipe « Transmission de l’information visuelle : codage et restauration visuelle » à l’Institut de la vision.

Désormais, l’enjeu est donc de connaître « l’algorithme » utilisé par la rétine pour analyser les images reçues à travers l’optique de l’œil, déterminer leur focalisation et les transformer en signaux de contrôle de la croissance. Un challenge scientifique au cœur des travaux de la chaire MyopiaMaster lancée par le Carnot Voir et Entendre avec EssilorLuxottica, co-financée par l’industriel et l’ANR. « Connaître le plus finement possible la méthode employée par la rétine permettrait de concevoir des nouveaux types de verres encore plus efficaces », espère Olivier Marre. Avec, en ligne de mire des deux partenaires de la chaire, l’élaboration d’un modèle prédictif : « Avec l’aide du machine learning, nous aimerions parvenir à un modèle permettant d’estimer la croissance de l’œil sur la base des paramètres optiques. Une fois cela connu, le verre correctif correspondant pourrait être créé de manière personnalisée », imagine Olivier Marre.

Plusieurs mois après son lancement, officialisé en décembre 2022, MyopiaMaster est déjà une chaire « productive », se félicite son coordinateur. Une demande de brevet a déjà été déposée. Une dynamique encourageante pour le chercheur qui n’avait jamais piloté une telle collaboration avec un industriel. « Jusqu’alors, je considérais plutôt mes travaux et ceux de mon équipe sur l’encodage de l’information par la rétine comme très fondamentaux. Aujourd’hui, nos expertises se révèlent extrêmement utiles pour des applications concrètes », conclut Olivier Marre.

 

(Source Poc Media 25 janvier 2024)