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Vendredi 21 novembre 2025

Portrait de Marco TERZARIOL - Carnot MERS

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En 2019, Marco TERZARIOL rejoint l'équipe ALMA (Aléas Marins) au sein du Laboratoire Geo-Ocean (LGO UBS), labellisé Carnot MERS. Spécialisé en géotechnique marine, il travaille sur de nombreux projets liés aux sols marins, mais les sols gazeux — contenant une forte proportion de gaz — sont ceux qui le fascinent le plus.

Étudier les sols marins et notamment les sols gazeux (riche en gaz) pour mieux comprendre leurs comportements et leurs impacts à grande échelle sur l’environnement et les infrastructures sous-marines.

Quel est ton parcours dans la recherche ?
Mon parcours académique et professionnel est riche et varié. J’ai étudié le génie civil à l’Université Nationale de Córdoba, en Argentine, où j’ai obtenu mon diplôme en 2009. J'ai ensuite travaillé quelques années comme ingénieur en structures et géotechnique dans un cabinet de conseil, ce qui m’a permis de parcourir l'Argentine et de relever différents défis liés aux infrastructures et aux besoins sociétaux du pays.

En 2011, sous l'invitation du professeur J. Carlos Santamarina, j'ai poursuivi mes études à Georgia Tech (Atlanta, États-Unis), où j’ai obtenu un MSc en 2013 puis un doctorat en 2015. Cette même année, la majorité de l'équipe de recherche a suivi notre professeur en Arabie Saoudite, où j'ai travaillé d’abord comme postdoctorant, puis en tant que chercheur sur les sols marins de la mer Rouge, les fuites d'hydrocarbures et les environnements hypersalins.

Aux États-Unis comme en Arabie Saoudite, je me suis spécialisé dans la conception, la construction et l’utilisation d’équipements géotechniques de pointe pour répondre à des questions globales en géotechnique et en géologie.

Depuis 2019, j’ai rejoint l’IFREMER comme chercheur en géotechnique des sols marins.

Grâce à mon expérience combinant recherche fondamentale et appliquée, j’ai développé une vision unique pour comprendre les thématiques à étudier, leur mise en œuvre et leurs limites.

Sur quel projet de recherche travailles-tu au sein de GEO-OCEAN, unité labellisée Carnot MERS ?
 

Nous travaillons à mieux comprendre le comportement des sols marins et leurs impacts à grande échelle.

Au sein de l'équipe ALMA (Aléas Marins, UMR Geo-Ocean, Ifremer), nous étudions les causes et origines des aléas géologiques. L’une des plus fréquentes concerne les variations de pression des fluides interstitiels dans les sols marins. Ces fluides peuvent être libérés dans les fonds marins, entraînant divers problèmes, de l’instabilité géotechnique à des impacts environnementaux.

Le piézomètre est un instrument clé pour analyser ces surpressions. Avec mes collègues de multiples disciplines, nous travaillons donc au développement et l'adaptation de ce piézomètre à de nouvelles problématiques.

Actuellement, les informations obtenues dépendent de la récupération physique de l’équipement, parfois plusieurs mois ou années plus tard.

La prochaine génération de piézomètres permettra de transmettre les données directement à la surface, à la demande. Cela permettra de suivre en temps semi-réel les processus géologiques et géotechniques, avec une meilleure réactivité et efficacité.

Quelle en serait l’utilité pour une entreprise du secteur maritime ?
Les piézomètres ne servent pas uniquement à la recherche académique ; ils répondent aussi à des besoins industriels. Par exemple, pour les processus impliquant des sorties ou des fuites de gaz libres tels que le méthane ou le CO2, il est nécessaire de disposer de piézomètres fiables et capables de communiquer à la demande.

Un autre exemple concerne l’impact des gaz sur les fondations des infrastructures maritimes : Les piézomètres permettent potentiellement d’estimer comment des fluides peuvent affecter pipelines, câbles, pieux ou ancres et d’anticiper les conséquences.

Le développement de ces instruments offre la possibilité de répondre rapidement et efficacement aux besoins industriels, de manière collaborative, multifacette, multidisciplinaire et synergique.

Que penses-tu de la recherche dite académique au regard des défis auxquels sont confrontés les entreprises ?

Je crois profondément en la synergie entre la recherche académique et les défis industriels.

Mes études doctorales et une grande partie de mon travail actuel ont été et continuent d’être influencés par les demandes de l’industrie, qui cherche des solutions aux problèmes de la société.

Les questions que l’industrie pose aux académiques apportent une légitimité supplémentaire à notre travail, tandis que nos réponses aident l’industrie à améliorer ses pratiques, réduire son impact environnemental et accroître l’efficacité et la performance des processus.

Pourquoi as-tu choisi de travailler dans la recherche publique, académique ?
Ma passion pour la recherche académique a vraiment commencé en Argentine et aux États-Unis, lors de mes études de master et de doctorat. Je venais d’un parcours professionnel en géotechnique classique, mais j’ai compris que notre champ d’application ne se limite pas à ces problématiques. Au contraire, il peut avoir un impact direct sur des projets liés au développement de la société et au secteur énergétique.

L’académique m’a offert l’opportunité de concevoir et construire mes propres instruments et de réaliser que les défis auxquels fait face notre société sont extrêmement variés et qu’il y a toujours quelque chose de nouveau à apprendre.

Ce qui me passionne, c’est d’avoir la possibilité d’aborder des questions que personne ne s’est encore posées, des questions complexes dont les réponses ne sont jamais évidentes et qui nécessitent souvent l’interaction et la collaboration de plusieurs disciplines travaillant ensemble.

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