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Mercredi 05 juin 2024

Améliorer le suivi environnemental de l’aquaculture multi-trophique intégrée en mer pour encourager des activités aquacoles plus durables

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Les équipes du CEVA, membres du Carnot AgriFood Transition, ont étudié les méthodes de monitoring environnemental en milieu marin afin d’évaluer et de proposer une méthodologie adaptée au suivi de l’aquaculture multi-trophique intégrée (AMTI) en mer avec le projet AMIMA.

L’AMTI : une solution innovante pour le développement d’une aquaculture durable

La pratique de l’AMTI associe la culture de différentes espèces aquatiques (poissons, algues coquillages…) sur une même zone afin que chacune présente des intérêts pour une autre en recréant ainsi un réseau trophique naturel, où tous les déchets produits par les espèces élevées et cultivées servent à enrichir le milieu de production. L’AMTI permet ainsi de réduire l’impact environnemental de l’aquaculture tout en offrant aux producteurs l’opportunité de diversifier leurs productions et donc de sécuriser leurs revenus en produisant plusieurs espèces.      

Au vu de tels avantages, l’AMTI est amenée à se développer dans les prochaines décennies, notamment en Bretagne, région motrice du développement de l’aquaculture en mer. Néanmoins, une évaluation fine des interactions entre les différentes activités aquacoles concernées et avec l’environnement reste à établir pour encourager les professionnels des filières aquacoles à adopter cette technique. C’est particulièrement le cas de l’AMTI en mer qui n’a été que peu étudiée en raison des difficultés méthodologiques et techniques inhérentes aux systèmes ouverts.  

C’est pour pallier ce manque que les équipes du CEVA, d’INRAE-UMR SAS et de L’Institut Agro Rennes-Angers / UMR Decod se sont réunies autour du projet AMIMA¹ avec l’objectif d’évaluer les méthodes de suivi environnemental en milieu marin disponibles et d’apporter les premières pistes pour une méthodologie adaptée au suivi de l’AMTI en mer, en prenant l’Estuaire du Trieux dans les Côtes d’Armor comme zone « atelier ».

Un projet de recherche en trois temps

Le projet a été réalisé en trois étapes.  Une première phase visait à dresser l’inventaire des méthodes et des indicateurs utilisés pour l'étude des systèmes écologiques et aquacoles et a permis d’identifier 166 outils de monitoring environnemental compilés dans un document de synthèse.    

Dans un second temps, les équipes de recherche ont confronté ces éléments au contexte d’une structure AMTI en milieu marin, afin de proposer une méthodologie adaptée avec deux types d’approches :    

  1. Une approche directe avec l’identification des flux de matière par le suivi de plusieurs indicateurs trophiques (isotopes stables, acides gras, ADN «environnemental», éléments-traces métalliques) ;
  2.  Une approche indirecte avec une quantification des flux de matière (azote et phosphore) dans le périmètre de l’estuaire par l’utilisation de modèles de bilan de masse.

Enfin, lors de la dernière phase du projet, la faisabilité de la méthodologie proposée a été évaluée dans l’Estuaire du Trieux, une zone présentant une grande diversité de production aquacoles (poissons, coquillages, algues).

L’approche indirecte a pu être validée et permet maintenant de travailler sur l’optimisation des modèles définis. L’approche directe a, quant à elle, montré la nécessité d’être confrontée à d’autres tests pour pouvoir être validée (échantillonnages sur d’autres espèces, à des échelles spatiales et de productions différentes, etc.).    

Un intérêt fort de la filière pour des activités aquacoles plus vertueuses

Si cette méthodologie de suivi environnemental de l’AMTI en mer reste encore à être confirmée, l’implication des producteurs et des acteurs locaux dans ces travaux de recherche est le témoin de l’intérêt fort des acteurs des filières aquacoles pour cette solution porteuse de valeurs écologiques et économiques vertueuses.

¹Projet de ressourcement réalisé avec le soutien de l’Institut Carnot AgriFood Transition, et le soutien financier de l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) et du Conseil Régional de Bretagne